Echos de la conférence de Frédéric Lebaron
Rédigés par Paule Graouer
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Mardi  3 avril, devant un public attentif d’environ 80 personnes, Frédéric Lebaron a développé le thème « Résistances – état du mouvement social européen ». En voici quelques éléments pour nourrir notre réflexion.

Le projet néo-libéral vise à abolir toute politique sociale au travers de trois grands axes :
· le rejet systématique de toute intervention étatique
· le rejet de toute organisation ouvrière ou de chômeurs
· le rejet de toute économie parallèle

L’on pourrait ainsi définir le mouvement social comme une tentative collective pour maîtriser l’emballement totalitaire du néo-libéralisme.

Pour se construire, le projet néo-libéral s’appuie sur un processus de dépolitisation ainsi que sur la référence à une « science économique » qui lui permet de légitimer sa propre politique économique. Les experts économiques sont là pour nous expliquer qu’une autre gestion du pays, voire du monde, est impossible. On arrive ainsi à la production d’une « doxa », c’est-à-dire d’une opinion dominante, larvée, prétendant s’appuyer sur une base scientifique.Les conséquences de ce choix économique (et politique) sont douloureusement vécues au quotidien par une large majorité de citoyens au travers de l’accroissement des inégalités, de la très faible augmentation des salaires, de la diminution de l’Etat-Providence au profit d’une vision individualisée du risque, de l’accroissement du contrôle social et de la normalisation des comportements sociaux.

Cette pseudo science économique s’incarne au travers de figures emblématiques, images de grands « sages », tels Dominique Strauss Kahn, Raymond Barre, Denis Kessler…

Frédéric Lebaron va jusqu’à parler du « projet révolutionnaire du néo-libéralisme » dans lequel l’entreprise prime sur tout, au mépris des hommes : l’actualité nous en fournissant chaque jour de tristes illustrations. Derrière cette science économique, s’instaure une politique déniée en tant que telle. Ainsi, la « refondation sociale » n’est-elle qu’un projet politique masqué, avançant en disqualifiant l’action collective.

Le mouvement social européen apparaît dans ce contexte, comme une utopie à construire. Au travers de mouvements comme la Confédération européenne des Syndicats, ATTAC, le mouvement anti-mondialisation libérale qui s’est exprimé à Nice, à Seattle ou à Porto Alegre, se construit une critique radicale de l’économie néo-libérale. Mais, au delà d’une émergence d’autres courants d’idées, il reste à construire un internationalisme concret, s’appuyant sur les mouvements de chômeurs, les organisations syndicales et les intellectuels, les artistes, critiquant les références dominantes et capables de nous faire croire qu’un autre monde est possible.

Paule Graouer.

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